Il faut lire le livre de Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, dont Benjamin Delannoy nous livre ici une analyse, qui entend » sortir l’humanité de sa léthargie autosatisfaite » et interpeller particulièrement les amateurs de futuribles auxquels on prescrit de tenir le pire pour certain…
On connaît bien à Futuribles les thèses d’Ivan Illich dont, au départ, s’est inspiré Jean-Pierre Dupuy pour souligner, en substance, que notre modèle de développement générait sa propre destruction. Mais J.-P. Dupuy, cette fois, va beaucoup plus loin et on lira avec intérêt sa critique du » principe de précaution » dont l’auteur souligne les limites, sinon le caractère » autocontradictoire « .
Prolongeant au demeurant la réflexion sur l’incertitude et le risque, il nous montre combien nous sommes victimes de ce qu’Alfred Sauvy appelait » le refus de voir « , notamment les bifurcations et les ruptures. Certes, le prospectiviste, à la différence du prévisionniste qui procède par extrapolation, s’y essaye. Mais Jean-Pierre Dupuy, nous alertant sur notre myopie, nous invite à une prudence plus radicale, » adaptée au temps des catastrophes » ; à considérer celle-ci (mais au fond laquelle ?) comme un événement » tout à la fois nécessaire et improbable « , ou mieux encore » certain « …
Tenir l'impossible pour certain. À propos de l'ouvrage de Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 282, jan. 2003