Et si l’égalité homme-femme ne s’obtenait qu’au prix d’un conflit social violent ? C’est le scénario envisagé par Iván Repila dans Un Bon Féministe. Le roman raconte l’histoire d’un journaliste trentenaire qui se transforme en gourou machiste à la tête d’un groupuscule prônant la violence envers les femmes : l’État phallique.
Au début du roman, le narrateur vit en colocation avec deux autres mâles. « Au début, c’était marrant, écrit-il. Trois mecs dans un canapé qui parlent de la vie, de sexe et de politique. » Mais un jour, l’un de ses colocataires leur montre fièrement une vidéo de ses ébats sexuels dans laquelle sa partenaire a été filmée à son insu. Le narrateur est choqué, il s’insurge et suscite l’incompréhension de ses deux colocataires qui l’appellent dorénavant : le féministe. « Je dois reconnaître que cela me surprend, écrit-il, parce qu’ils emploient péjorativement un adjectif que j’ai toujours interprété de manière positive, même si je ne peux pas dire que j’en sois flatté. D’ailleurs, au fond, je ne sais pas pourquoi, ça me dérange […] il y a quelque chose dans le mot « féministe » qui ne me plaît pas, qui insulte ma virilité, comme quand tu es petit et qu’on te traite de « fille » à cause...