Avec Un Monde de bidonvilles, Julien Damon se livre à un exercice de déconstruction salutaire. Son intention, comme l’ambiguïté du titre le suggère, est double. Il cherche à caractériser la réalité sociospatiale désignée par la notion de bidonville, en sorte de dévoiler le monde qu’ils instituent. Mais il tente aussi de donner de la visibilité à cette réalité largement masquée, tout en se demandant, non sans malice, dans quelle mesure elle contribue à la durabilité urbaine, faisant des bidonvilles un horizon à part entière du monde.
Commençons par la terminologie. Il n’existe pas de définition consensuelle du terme « bidonville ». Pays et institutions ne partagent pas la même doctrine ni les mêmes intentions. « Bidonville » peut ainsi, selon les cas, être synonyme de taudis, d’habitat informel, précaire, spontané, non planifié. On s’entend pour considérer que les bidonvilles sont des édifications qui ne bénéficient pas de protection physique et juridique, qui sont érigées en dehors du droit à la construction et de l’urbanisme. Il est également difficile de les caractériser socialement puisque à côté des bidonvilles qui concentrent la pauvreté, d&rs...