On se souvient du célèbre livre de Michel Albert Capitalisme contre capitalisme (Paris : Seuil, 1991), dans lequel l’auteur opposait deux modèles de capitalisme : le modèle » néo-américain « , fondé sur la réussite individuelle et le profit, et le modèle » rhénan « , qui valorisait la réussite collective, le consensus et le souci du long terme.
Le même Michel Albert s’est, depuis lors, exprimé plusieurs fois sur le » requiem rhénan « , le recul de l’économie sociale de marché devant le modèle capitaliste anglo-saxon. Or, le voici qui, soudain, montre que paradoxalement, l’entreprise -suppléant les défaillances de l’État -vient, à partir des États-Unis, incarner un nouveau modèle d’économie sociale de marché…
Il montre, cette fois-ci, que deux modèles d’entreprise s’opposent : l’un, empreint de » monisme actionnarial « , exclusivement occupé à maximiser le profit des actionnaires ; l’autre mû par le » pluralisme partenarial « , visant à concilier les intérêts des clients, des actionnaires, des salariés, les impératifs du court et du long terme.
Et, de manière quelque peu surprenante, Michel Albert montre que ces entreprises du deuxième type, socialement responsables (et économiquement très efficaces), viennent des États-Unis nous montrer la voie…
Une nouvelle économie sociale de marché ? Quels modèles d'entreprise pour un développement durable ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 287, juin 2003