Revue

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Vers la décroissance démographique mondiale ?

En introduction de son cours sur les perspectives démographiques à l’Institut de démographie de l’Université de Paris [1], Louis Henry, un des pères de l’école française de démographie, mettait en garde ses étudiants quant à l’usage d’un appareil mathématique compliqué qui, « loin d’être un gage de qualité, crée plutôt une illusion de savoir dispensant d’observer et d’analyser ».

L’école de pensée anglo-saxonne privilégiant traditionnellement le traitement statistique de larges bases de données, on ne peut s’étonner que l’étude de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), parue en juillet 2020, en soit très profondément imprégnée et fasse peu de cas des recommandations de Louis Henry. Annonçant le déclin de la population mondiale à l’horizon 2100, cette étude projette-t-elle, comme le proclament nombre de zélateurs, « un vrai bouleversement des équilibres de la population mondiale » (Mathilde Gérard, Le Monde, 15 juillet 2020) et relègue-t-elle ce faisant au rebut des travaux comme ceux de la Division de la population des Nations unies (DPNU) ?

Les chercheurs de l’IHME ont modélisé l’évolution de la population du monde et celle de 195 pays ou entités territoriales à l’horizon 2100 par combinaison d’hypothèses sur les trois composantes clefs de la dynamique démographique – fécondité, mortalité, migration nette -, fruits de complexes calculs intégrant diverses variables, au premier rang desquelles l’éducation et la contraception. Explorant l’effet d’une satisfaction plus ou moins rapide des besoins en ...

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