Le 23 octobre 2019, dans la revue Nature, l’entreprise Google a annoncé avoir atteint, en partenariat avec la NASA (National Aeronautics and Space Administration) et le Laboratoire national d’Oak Ridge (ORNL), le seuil de suprématie quantique désignant la capacité d’un calculateur quantique à mener un ou des calculs qu’aucun superordinateur classique n’est capable de simuler en un temps raisonnable. Censé mobiliser 54 qubits (unités d’information quantique), dont 53 seulement auraient fonctionné, le processeur Sycamore a produit un million de nombres aléatoires en 200 secondes. Or, selon Google, cette tâche aurait demandé 10 000 ans au plus puissant superordinateur classique. L’annonce a aussitôt provoqué de nombreuses discussions. L’ampleur de la prouesse a notamment été contestée par IBM, qui a déclaré pouvoir simuler la tâche en question en seulement deux jours et demi avec un algorithme spécifique. Mais qu’est-ce que la suprématie quantique et quels en sont les enjeux ?
Pourquoi parle-t-on de suprématie quantique ?
Le terme de suprématie quantique a été introduit en 2012, par John Preskill, chercheur à Caltech. Un des atouts de l’informatique quantique, en effet, est sa capacité à réduire la complexité de tâches, donc le temps de calcul nécessaire pour les traiter. Elle permettrait ainsi de traiter des problèmes impliquant une explosion combinatoire, donc un temps de calcul et / ou un espace mémoir...