Le débat ouvert depuis plusieurs années, en France notamment, sur le bien-fondé d’introduire et développer des organismes génétiquement modifiés (OGM) a polarisé les différentes parties prenantes, engendrant une grande méfiance de l’opinion publique sur le sujet et contribuant souvent à brouiller les enjeux inhérents à ce domaine. C’est une des raisons pour lesquelles la revue Futuribles a décidé de consacrer la quasi-intégralité de ce numéro de mars aux OGM, espérant ainsi éclairer ses lecteurs sur les tenants et aboutissants qui entourent cette question, au travers de points de vue très divers couvrant les aspects tant économiques, scientifiques, réglementaires, sociologiques…
Avant d’entrer dans le détail de ce vaste dossier, Cécile Désaunay propose ici un aperçu de ce que sont les OGM, de l’état de la recherche et des perspectives que ceux-ci pourraient ouvrir à moyen-long terme. Après un rappel de la définition des OGM et de l’essor des recherches en ce domaine, elle présente les principales applications existantes et les axes de recherche privilégiés dans l’industrie (visant surtout à réduire les coûts de production et l’utilisation de produits polluants), l’agriculture, l’alimentation et la médecine. Elle souligne les risques inhérents à cette biotechnologie, pour l’environnement et la santé humaine ou animale, avant de souligner les blocages auxquels est confronté le secteur et les questions que soulève la concentration de la recherche entre les mains d’une poignée de grandes entreprises. Partant de là, chacun pourra apprécier, à l’aune de ses priorités et de ses valeurs, et en se reportant aux très riches articles qui composent ce numéro, le bilan coûts / bénéfices / risques d’une utilisation à grande échelle des OGM.