Le dernier rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’a confirmé : le monde n’investit pas suffisamment pour répondre à ses besoins énergétiques futurs. Fait à souligner, ce constat touche tout aussi bien les énergies bas-carbone que les combustibles fossiles. Et assez ironiquement, les industries pétrolière et gazière sont aujourd’hui parmi les seules dont les investissements sont raisonnablement en phase avec les objectifs du scénario de neutralité carbone à l’horizon 2050. Bonne nouvelle ? Pas si sûr. Si la demande (estimée à la hausse pour au moins 10 à 15 ans pour le pétrole et le gaz) est plus forte que l’offre, il est probable qu’un nouveau choc pétrolier ou gazier prenne place. Cette hypothèse était déjà débattue dans le rapport de 2018 de l’AIE, la pandémie n’en a que plus accentué sa probabilité et ses possibles conséquences.
Un autre facteur aggravant et non pris en compte par l’AIE vient s’ajouter à ce tableau : la croissance exponentielle de l’énergie nécessaire à la production d’hydrocarbures. Revenons tout d’abord aux fondamentaux : toute production d’énergie requiert un apport énergétique initial, que l’on peut estimer pour chaque étape de la chaîne de production. Cette énergie peut comprendre les coûts énergétiques directs (par exemple, le diesel brûlé pour pomper le pétrole), indirects (l’énergie grise des matériaux), voire plus encore (l’énergie utilisée par les employés pour le travail sur site, par le gouvernement pour contrôler les entreprises, etc.). Le rapport entre énergie produite et énergie consommée pour la produire est appelé « taux de retour énergétique » (TRE, EROI / Energy Returned On Energy Invested en anglais) et s’établit généralement soit juste après la production (on parle alors de TRE...