La récession du début des années quatre-vingt-dix n’aurait pas dû nous surprendre, écrit Ch. Freeman qui estime que la croissance économique évolue suivant des cycles de moyen et de long terme liés à l’investissement et à la diffusion des nouvelles technologies. Mais, souligne-t-il, souscrire aux théories cycliques ne doit point nous conduire au fatalisme. Bien au contraire, comme nous l’a enseigné Keynes, il convient, en période de récession, d’adopter une politique volontariste d’investissement qui doit permettre de relancer la croissance.
Ainsi, actuellement, plutôt que d’adopter une politique restrictive, faut-il stimuler l’investissement en faveur, en particulier, des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui – sous réserve d’engager simultanément un effort d’innovation socio-organisationnelle – permettront de renouer avec le cercle vertueux de la croissance.
Estimant que les gouvernements occidentaux sont trop timorés, Ch. Freeman plaide énergiquement pour une politique de relance par l’investissement dans les nouvelles technologies, soulignant au passage que les pays qui ont enregistré les meilleures performances sont ceux du sud-est asiatique qui ont eu l’audace d’investir massivement. Notant toutefois que les politiques nationales ne suffisent plus et que les écarts entre pays tendent à se creuser, l’auteur milite pour une politique économique internationale concertée au niveau de la communauté européenne et des autres agences internationales (Banque mondiale, FMI).
Changement technologique et économie mondiale
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 186, avr. 1994