Grand maître de l’anticipation, Albert Robida décrit et dessine, dès la fin du XIXe siècle, ce que pourrait être la société du milieu du XXe siècle. Et le tableau dressé, souvent proche de la réalité, est surprenant : les gens communiquent et s’informent par le biais du téléphonoscope (une invention voisine de la télévision, voire d’Internet), se déplacent dans des aéronefs et des tubes pneumatiques, ou encore recourent à la chimie pour élaborer des aliments synthétiques.
« Sur son terrain, Jules Verne est battu et rebattu », écrit Jacques van Herp, spécialiste de l’anticipation. « Robida « Jules Verne du crayon » ? Il est bien plus que cela : des deux, le véritable anticipateur, c’est lui. » Et Pierre Versins d’ajouter : « Robida est le seul des anticipateurs [de cette époque] à avoir présenté par avance un tableau de notre présent qui ne soit pas trop éloigné de la réalité… Il n’existe pas, en conjecture, d’œuvre qui puisse, même de loin, être comparée à sa production. »
Une production que nous exposera Dominique Lacaze au cours de plusieurs articles. Illustrations à l’appui, l’auteur décrit dans ce premier texte les nombreuses innovations techniques imaginées par le dessinateur et l’évolution des comportements sociaux qui en découlent.