Voici un peu plus de cinq ans, en janvier 2006, Futuribles consacrait un gros numéro spécial aux perspectives énergétiques et à l’effet de serre (n° 315). L’heure était déjà à l’inquiétude et plusieurs articles analysaient les sombres perspectives d’évolution des ressources énergétiques et la problématique du changement climatique. Cette même année 2006, de l’avis de certains experts, le peak oil aurait été atteint : la production de pétrole aurait atteint son apogée et devrait stagner avant de décliner (plus ou moins rapidement). Celle de gaz devrait elle aussi plafonner, vers 2025-2030, ainsi que Jean Laherrère l’a montré dans ces colonnes en avril dernier (n° 373).
Dans ce contexte et compte tenu des efforts incontestables à faire pour limiter le réchauffement climatique, il est devenu indispensable, d’une part de faire en sorte de maîtriser la demande d’énergie, et d’autre part de miser sur d’autres sources de production énergétique, cette deuxième option étant sans doute plus facile à mettre en œuvre que la baisse des consommations. Les énergies renouvelables ont donc, sans conteste, un rôle essentiel à jouer, à l’avenir, dans la diversification du mix énergétique et son orientation dans le sens du développement durable. Cédric Philibert, spécialiste de ces énergies au sein de l’AIE, nous en présente ici le potentiel et la place qu’elles pourraient occuper dans les années à venir.
Après une présentation des scénarios de l’AIE aux horizons 2035 et 2050 (qui montrent la nécessité de politiques volontaristes pour promouvoir les énergies renouvelables), il souligne les deux voies majeures dans ce secteur : l’éolien et le solaire. Puis l’auteur s’intéresse ensuite à ce que l’on entend par « renouvelable » : ces énergies sont-elles 100 % renouvelables ou faut-il compléter l’offre, stocker la ressource, etc. ? Il analyse la place que les énergies renouvelables pourraient prendre dans les bâtiments et les secteurs de l’industrie et du transport, et selon quelles modalités techniques. Enfin, Cédric Philibert examine les aspects économiques : quels coûts pour quels bénéfices ? Il montre en substance que l’investissement de départ est certes important (en particulier pour les pouvoirs publics, en termes de mesures incitatives), mais qu’à long terme, le jeu en vaut la chandelle, « le déploiement massif des énergies renouvelables appara[issant] aujourd’hui comme la clef » pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux et à la lutte contre le changement climatique.