Prolongeant le propos de Jean-Pierre Henry, Hugues Duffau montre que la plasticité cérébrale du cerveau, sa capacité à se réorganiser en permanence afin de s’adapter aux circonstances, résulte du fait qu’il constitue un système extrêmement complexe dont toutes les parties fonctionnent en interaction, selon des processus dont il nous livre quelques secrets. Logiquement, l’auteur s’attaque donc à une idée fort répandue selon laquelle chaque aire du cerveau correspondrait à une fonction donnée (mouvement, langage, mémoire, émotion), relevant du « localisationnisme ». Cette idée, affirme-t-il, est infirmée par l’observation des processus en chaîne qui relient toutes les parties du cerveau qui s’activent et permettent cette plasticité synaptique si singulière au cerveau humain et, incidemment, le distinguent fondamentalement de ce que l’on appelle l’intelligence artificielle.
L’auteur, célèbre neurochirurgien, est assurément bien placé pour montrer ainsi que l’ablation d’une lésion cérébrale ne peut s’effectuer sans respecter l’ensemble du réseau neuronal dynamique qui est unique à chacun et qui évolue en permanence (à la différence une fois encore des machines). Il rend compte des progrès accomplis dans la compréhension de l’anatomie et des fonctions très complexes du cerveau telles qu’elles peuvent désormais être de mieux en mieux cartographiées et, le cas échéant, réparées. Il alerte enfin sur les risques inhérents aux réseaux neuronaux artificiels, pâle copie selon lui des réseaux neuronaux humains, qui pourraient in fine avoir pour conséquence d’altérer la neuroplasticité du cerveau humain.