Combien de fois avons-nous entendu que la crise actuelle résultait d’une mutation profonde de nos sociétés sortant péniblement de l’ère industrielle pour entrer lentement dans celle de l’information… Et nos interlocuteurs d’ajouter à l’hymne des nouvelles technologies telle ou telle statistique américaine pour témoigner de l’essor des emplois » tertiaires » et de la » révolution de l’intelligence « . Tout ceci fascine à un point tel qu’il nous faut se demander si cette fameuses société d’information n’est pas un mythe.
Jean Voge est allé voir aux États-Unis quels étaient ces fameux emplois dits » du futur » et quel rôle exerçaient ces activités nouvelles dans l’économie américaine. Il en rapporte une conviction : l’information croît rapidement en nombre de travailleurs et en pourcentage du Produit National. Mais cette information est pour l’essentiel destinée à mieux réguler les activités traditionnelles, régulation qui coûte fort cher puisqu’elle » pompe » la majeure partie de la valeur ajoutée industrielle… En d’autres mots, il observe un » gonflement explosif » des frais généraux informationnels qui rogne les profits des sociétés industrielles et à terme compromet le dynamisme de l’économie américaine.
Tout se passe, explique Jean Voge, comme si la société d’information souffrait d’un excès d’entropie, l’excès de cols blancs étouffant les cols bleus comme hier la télévision assommait les esprits. Mais cela est dû selon l’auteur à une structure pyramidale qui entraîne d’importants engorgements qu’une structure en réseau permettrait d’éviter. Plutôt que de rêver à la société d’information, pensons plutôt en terme de communication ce qui au demeurant implique qu’il n’y aura pas de transformations fondamentales dans nos sociétés sans remise en cause des modèles organisationnels et des comportements.