Alors que le niveau de vie des Européens a progressivement rattrapé celui des Américains durant les Trente Glorieuses, depuis les années 1990 la tendance s’infléchit. La croissance économique du Vieux Continent marque le pas tandis que celle des États-Unis poursuit sa course malgré les obstacles rencontrés (explosion de la bulle de la nouvelle économie, 11 septembre 2001…). Ce déclin relatif de l’Europe face aux États-Unis est-il inéluctable ? Quelles en sont les raisons ?
Alain Villemeur présente ici les itinéraires divergents des deux grands pôles économiques occidentaux. Il décortique les raisons habituellement invoquées pour expliquer les piètres résultats économiques de l’Europe (inflation, taux d’intérêt élevés, moindre flexibilité, déclin industriel…), mettant en doute leur validité compte tenu du contre-exemple remarquable que constituent les Pays-Bas.
Selon lui, la clef du redressement économique européen tient dans l’investissement consenti dans l’innovation et la connaissance, et dans la façon de conduire les innovations. L’essentiel est désormais de privilégier les innovations de produit (investir dans la recherche en vue de la mise au point de nouveaux produits, services…) plutôt que les innovations de procédé (consistant à améliorer ou imiter des innovations de produits antérieures). C’est un pays européen, la Suède, qui fait figure de modèle en la matière.
Pour Alain Villemeur, combiner ainsi un fort soutien à la recherche-développement et à l’innovation (modèle suédois), une solide maîtrise des coûts salariaux (modèle néerlandais), tout en associant à cette stratégie les nouveaux venus de l’Union européenne, est le seul moyen d’enrayer le déclin économique européen en cours depuis 20 ans.
Europe et États-Unis : la divergence économique
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 299, juil.-août 2004