Qu’est ce que la prospective ?
La prospective suppose un travail d’anticipation : comment mener cette réflexion sur le futur ?

Il existe de nombreux registres de discours sur le futur que la prospective peut utiliser. Mais le travail d’anticipation en prospective a aussi ses propres caractéristiques. La réflexion sur le futur y est :

— Ouverte, car il ne s’agit pas de pré-dire le futur, mais d’explorer les différents futurs possibles. C’est pourquoi les prospectivistes tâchent d’imaginer les prolongations des tendances en cours et d’appréhender leurs conséquences, mais envisagent aussi les phénomènes émergents et les ruptures qui peuvent modifier le cours des événements. « Une des règles du jeu en matière de prospective est de se donner le droit de tout réimaginer, de tout remettre en cause et de tout reconstruire », Bertrand Schwartz, in Éducation permanente, « Réflexions prospectives », 1969, p. 3.

— Analytique : pour construire ses raisonnements, la démarche prospective s’appuie sur l’observation des réalités et sur une analyse rationnelle des phénomènes. Le discours prospectif s’appuie donc sur la raison afin d’être intelligible. Certes, les travaux de prospective se nourrissent et s’inspirent de créations artistiques, de l’imaginaire social et individuel, des récits de science-fiction, mais ils s’en distinguent. Lorsque la démarche prospective met en lumière des nouveautés radicales, elle doit en montrer la possibilité. Les approches prospectives contemporaines accordent aussi une place importante à l’analyse des représentations (non mesurables) et des comportements des acteurs. La démarche prospective se rapproche enfin du « constructivisme », qui met en avant la connaissance comme un modèle (et non un absolu), qui par la compréhension qu’elle apporte sur un phénomène, permet de mener une action sur lui. Jean-Louis Le Moigne emploie ainsi l’expression de « connaissance actionnable » dans son ouvrage Le Constructivisme (tome 3, Modéliser pour comprendre, 2004).

— Systémique : pour anticiper ce qui peut advenir, les démarches prospectives doivent penser les interactions entre des phénomènes. Ces derniers peuvent être isolés pour les besoins de l’étude scientifique, mais ils doivent être abordés ensemble quand il s’agit de décrire des futurs possibles réalistes. De ce point de vue, et par la prise en compte de données en partie qualitatives, la prospective se distingue du champ de la prévision qui s’appuie elle sur des modèles mathématiques.