Dans la foulée du dossier spécial consacré au bilan de la stratégie de Lisbonne à mi-parcours, André-Yves Portnoff souligne ici le retard croissant pris par l’Union européenne face à la révolution de l’intelligence. Si les objectifs de Lisbonne, très ambitieux, étaient louables – en particulier celui de faire de l’Europe la société de la connaissance la plus dynamique à l’horizon 2010 -, force est de constater que les moyens d’y parvenir n’ont pas été mis en oeuvre.
Cela fait plusieurs décennies, nous dit A.-Y. Portnoff, que les Européens sont à la traîne dans les secteurs moteurs de l’économie : télécommunications, informatique en particulier. Faute d’un véritable effort de promotion de l’innovation, parallèlement à la définition d’une vision d’avenir conforme aux valeurs des citoyens européens et soutenue par une volonté politique forte, l’Europe va continuer à creuser sa tombe économique. L’essentiel, selon l’auteur, serait d’alléger les pesanteurs technocratiques, à Bruxelles comme dans certains États membres dont la France, d’encourager les synergies et de revaloriser la place de l’homme, pour permettre à des entreprises de taille modeste de libérer leur créativité – les grands groupes ayant fait la preuve de leur essoufflement.
Sans action en ce sens et sans volonté stratégique, l’Europe risque d’accélérer son retard dans la révolution de l’intelligence et de rater tous les trains des innovations à venir dans les technologies de l’information et de la communication. Or, c’est bien dans ces secteurs que se joue l’avenir aujourd’hui.
L' Europe face à la révolution de l'intelligence
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 310, juil.-août 2005