Dans son dernier essai, Éric Maurin, auteur régulier d’ouvrages marquants et commentés (L’Égalité des possibles en 2002, Le Ghetto français en 2004, La Peur du déclassement en 2009 [1]), s’attaque au sujet du conformisme, de sa « fabrication » et de ses effets. En fait, l’ouvrage vaut surtout par la recension à la fois pédagogique et intelligente d’excellentes études menées tant en France qu’à l’étranger, qui concernent des champs variés allant du marché du travail aux politiques scolaires en passant par la politique de la ville ou ses équivalents dans les pays voisins. La partie théorique sur le conformisme contemporain nous paraît en revanche bien moins convaincante. Mais au fond, peu importe cette lacune puisque le livre regorge d’études et d’analyses qui susciteront la réflexion tant des théoriciens que des praticiens. Donnons-en trois exemples.
Le premier concerne l’expérience française du passage aux 35 heures à laquelle un chapitre entier du livre est consacré. Éric Maurin a en effet participé à une étude originale qui en a analysé les effets sur le temps de travail des conjoints non bénéficiaires. Seul un tiers environ des entreprises ont signé un accord de réduction du temps de travail entre 1998 et 2002. Cette caractéristique a offert aux chercheurs une occasion quas...
