Nous avons ouvert, en septembre 2018, une série consacrée au rôle des entreprises dans la fabrique du bien commun, dans le cadre de laquelle divers articles, soit d’analyse, soit de retour d’expérience ou de témoignage, ont déjà été publiés dans les numéros 426, 427 et 429 de la revue Futuribles. La réflexion ici présentée par Hélène Le Teno vient, au travers d’une approche certes différente, montrer comment les entreprises peuvent prendre en compte le contexte qui est désormais le nôtre de raréfaction des ressources, pour enclencher un changement de modèle économique.
Hélène Le Teno rappelle dans un premier temps en quoi consiste cette entrée dans une ère de la rareté, et en particulier pourquoi les limites physiques de notre planète imposent de revoir la façon dont nous produisons ; elle souligne les limites d’une croissance économique qui tendrait à ignorer les contraintes de la biosphère et la nécessité de nous orienter vers un modèle de développement réellement soutenable. Il faut désormais, selon elle, « faire mieux avec beaucoup moins » et faire en sorte que les principaux acteurs de l’économie, à savoir les entreprises, puissent raisonner ainsi et trouver les moyens de se développer dans une « économie de transition ». Une inflexion a vu le jour aux États-Unis et en Europe avec l’émergence de la notion d’entreprises à mission ; il est désormais indispensable que de nouveaux mécanismes de comptabilité et de financement – dont elle présente quelques exemples – se développent pour permettre aux acteurs économiques de sortir du « capitalisme extractif » et d’entrer dans un capitalisme d’intérêt général.