Les Européens sont fascinés par la flexibilité des salaires, la réduction des coûts salariaux et l’augmentation du volume d’emploi aux Etats-Unis. Du même coup, la baisse desdits coûts salariaux – notamment au travers de l’allègement des charges sociales – devient l’instrument prioritaire de lutte contre le chômage.
Au même moment toutefois, les Japonais – dont les coûts salariaux horaires ouvriers de l’industrie sont supérieurs à ceux des Américains et des Français – viennent d’adopter une réforme des régimes étatiques de retraite dont la principale mesure consiste à planifier un quasi-doublement de la cotisation retraite (de 14,5 % en 1994 à 29,6 % en 2018) sur les salaires.
Si le prétexte officiel de la réforme est l’augmentation prévisible des dépenses sociales liées au vieillissement démographique (entraînant un arbitrage en faveur des inactifs au détriment des salariés et des entreprises), J.F. Estienne, pour sa part, a une autre explication. Il s’agirait d’augmenter le niveau des prélèvements sur le revenu des ménages et la compétitivité des entreprises pour assurer le financement des dépenses étatiques d’investissement.
Une mesure paradoxale au regard des discours européens. A méditer assurément.
La réforme des retraites étatiques au Japon
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 196, mars 1995