Les récentes élections présidentielles en France ont confirmé l’incompréhension et le rejet de nombre de citoyens vis-à-vis des politiques menées depuis plusieurs décennies, mais aussi des dirigeants en charge de ces politiques. Elles ont aussi rappelé la méfiance sinon le rejet de ces mêmes citoyens à l’égard de l’Union européenne, souvent prompte à être élevée en bouc émissaire des problèmes nationaux. Pourtant, comme le montre cet article de Gabriel Arnoux, ce rejet de l’Europe repose sur une méconnaissance – très souvent entretenue par les gouvernements nationaux – des compétences effectives de l’Union européenne.
En effet, il existe une réelle différence entre la perception qu’ont bon nombre de citoyens européens du rôle de l’Union dans l’orientation et la détermination des politiques nationales, et la réalité de ce rôle. Les compétences exclusives de l’Union européenne sont en fait assez limitées (respect de la concurrence, monnaie, politique douanière et commerciale, principalement) et dans la plupart des domaines, l’Union n’intervient qu’en appui aux États ou en collaboration avec eux. Cette clarification des compétences réelles de l’Union européenne est primordiale car la Commission vient d’engager une réflexion sur l’avenir de l’Europe, sur la base de cinq scénarios visant à déterminer comment pourraient évoluer l’Union et les compétences qui sont les siennes. Mais également parce que le flou entretenu autour des compétences et responsabilités effectives des institutions européennes et nationales est révélateur d’un malaise plus général quant à la manière dont sont présentées et évaluées les politiques publiques, qui contribue aussi pour une grande part à la désaffection des citoyens à l’égard du politique.