Le 11 mars 2011, le Japon était victime d’un séisme de très forte magnitude, suivi d’un tsunami qui fit des milliers de morts dans la région de Sendai, et qui eut surtout pour conséquence une catastrophe nucléaire majeure dans la centrale de Fukushima. Compte tenu de sa gravité (la plus haute sur l’échelle internationale des événements nucléaires), cet accident a ravivé les débats les plus âpres entre partisans et opposants à l’utilisation de cette forme d’énergie, débats auquel Futuribles fait écho dans la rubrique « Forum » de ce numéro spécial. Michel Drancourt, sans s’inscrire d’un côté ou de l’autre des parties prenantes à ce débat, y apporte sa voix en essayant de mesurer les conséquences de cette catastrophe, pour le Japon comme pour le monde.
Il le fait en partant d’un article publié dans Futuribles il y a plus de 20 ans, présentant les conclusions d’un rapport de la Tokaï Bank sur les conséquences économiques potentielles d’un tremblement de terre à Tokyo. Comme il le souligne, la situation a changé et le Japon n’occupe plus la place centrale qui était la sienne dans les échanges financiers et commerciaux des années 1980 ; néanmoins, ce pays demeure un importateur et un fournisseur majeur de bien des produits, et son affaiblissement ne sera pas sans conséquences pour le reste du monde, aux plans industriel, politique et économique. Quant à la confrontation du scénario de 1989 avec la réalité de 2011, une des leçons à en retenir est qu’il n’aurait pas été loin de la vérité si au risque sismique ne s’étaient ajoutés le tsunami et l’accident nucléaire subséquent. D’où deux conclusions à plus long terme : ne pas raisonner, dans les exercices de prospective, à risque unique isolé ; et surtout diversifier le plus possible les sources de production énergétique.