Le célèbre inventeur de la TVA livre ici une description d’ensemble des problèmes que pose aux pays développés la pratique des délocalisations industrielles vers les pays en voie d’industrialisation rapide, des mesures qui pourraient être adoptées pour remédier à leurs effets pervers et, finalement, de la stratégie qui, selon lui, serait optimale pour l’ensemble des partenaires.
Il montre en substance que, conformément aux principes du libre-échange, prôné par les pays occidentaux, les avantages comparatifs qu’offraient les pays en voie d’industrialisation (notamment en termes de coût de main-d’oeuvre) ont entraîné d’importantes délocalisations industrielles, bénéfiques pour tous à court terme, mais génératrices de chômage dans les pays industriels qui, toutefois, y sont inégalement exposés suivant qu’ils exportent ou non vers les NPI des moyens de production.
Ceux, tels que la France, qui ne peuvent compenser l’augmentation de leurs importations de produits manufacturés par de telles exportations de biens d’équipement vers les pays en cours d’industrialisation, sont dans une position qui risque de devenir catastrophique, notamment en termes de chômage, explique Maurice Lauré qui, en conséquence, explore quelle attitude pourrait être adoptée : le laisser-faire, une politique protectionniste, une politique monétaire consistant à faire varier les taux de change pour compenser les écarts de prix ?
L’auteur montre les avantages et inconvénients respectifs de ces différentes mesures pour finalement proposer une stratégie qui, en combinant les avantages des politiques protectionniste et monétaire, entend laisser toutes leurs chances aux pays en voie d’industrialisation, tout en préservant les pays développés des contrecoups déstabilisateurs qui pourraient résulter des échanges commerciaux.
Même si quelques industries ont pu, ces dernières années, être rapatriées dans les pays développés, grâce notamment à la mise en oeuvre de nouvelles technologies se substituant au travail humain (de sorte que les coûts salariaux devenaient marginaux), le problème des délocalisations que traite M. Lauré est d’autant plus actuel que celles-ci désormais touchent aussi les activités tertiaires.
Les délocalisations : enjeux et stratégies des pays développés
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 176, mai 1993