Il est fréquent de voir comparer le niveau de développement des pays à l’aune de leur Produit intérieur brut (PIB) par tête, et leurs progrès mesurés en fonction du taux de croissance de cette valeur qui, pourtant, ne tient compte que des phénomènes mesurables en termes monétaires. Il est pourtant bien évident que cet indicateur ne renseigne guère sur le niveau de développement des pays, a fortiori sur le bien-être de leur population, leur état de santé, leur niveau d’éducation ou leur confort et leur satisfaction.
Chaque discipline s’intéressant à un aspect particulier de l’existence s’est ainsi dotée, tout comme l’économie, d’indicateurs spécifiques que, périodiquement, certains se sont efforcés de pondérer pour établir des indicateurs dits synthétiques. Ainsi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) s’est-il attaché, depuis 1990, à calculer un « Indice de développement humain » (IDH) dont la composition est ici soumise à un sérieux examen critique.
Plus généralement, Jean Baneth montre dans cet article quels sont les indicateurs synthétiques de développement mis au point par le PNUD et les arbitrages discutables qu’ils impliquent dès lors qu’ils exigent de pondérer des données dont la fiabilité n’est pas toujours parfaite et les corrélations encore moins évidentes. Il souligne combien l’exercice est périlleux, sinon systématiquement biaisé par le caractère arbitraire, voire idéologique, des choix opérés par les auteurs. Finalement, ayant mis en évidence certaines aberrations que contiennent ces exercices, il montre combien il est illusoire et, éventuellement dangereux, de prétendre mesurer le niveau de développement des pays à l’aune de tels indicateurs synthétiques.
Les indicateurs synthétiques de développement
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 231, mai 1998