« Le désir de maintenir le cours naturel des choses jusqu’à ce qu’il soit trop tard, est la plus grande menace que l’humanité fait peser sur elle-même », écrivait André Lebeau dans l’un de ses derniers ouvrages, L’Enfermement planétaire (Paris : Gallimard, 2008). Car en effet, la confrontation de l’humanité aux limites de l’écosystème terrestre pourrait bien mener celle-ci sinon à sa perte, du moins à de très brutales révisions de ses modes de vie et de consommation.
C’est aussi le constat dressé dans cet article : course à la performance, transitions (démographique, nutritionnelle, agricole, épidémiologique…) touchant la plupart des pays, conséquences environnementales des changements de modes de vie observés depuis la révolution industrielle, qui s’accélèrent au fil du temps tout en essaimant sur tous les continents…, tout concourt à indiquer que l’espèce humaine approche d’un tournant. Divers plafonnements sont observés : dans la consommation d’énergie, dans les performances sportives, économiques, dans l’augmentation de l’espérance de vie… ; plafonnements qui ne pourraient être repoussés (pour tenter de suivre les courbes passées), qu’aux dépens des écosystèmes ou des générations futures. Un tel scénario serait inacceptable compte tenu des pressions déjà observées sur l’environnement ; le défi est donc bien, selon les auteurs, de réconcilier l’homme avec son environnement, en « défini[ssant] le superflu et situ[ant] l’acceptable », à l’échelle mondiale et de manière concertée. Ne pouvant plus s’« illusionner de progrès infinis », sauf à risquer le scénario du pire et une rupture violente, l’humanité doit désormais revoir, collectivement, son mode de développement pour espérer durer.