On affirme volontiers que l’avenir dépendra essentiellement des actions humaines, celles-ci étant sans doute dictées par les circonstances mais aussi par les valeurs, les croyances, les motivations des individus. Il est donc essentiel dans tout exercice de prospective sociale d’essayer de cerner comment celles-ci évoluent.
Deux enquètes identiques ont été conduites, à près de dix ans d’intervalle, pour essayer de discerner quelles étaient les valeurs des Européens. La comparaison de leurs résultats, logiquement, doit permettre d’apprécier les évolutions intervenues et, à défaut de prévision sur leur évolution future, d’éclairer les tendances majeures qui se dégagent.
Tel est l’objet de cet article, dans lequel H. Riffault rend compte de la permanence et du changement des valeurs telles quelles ressortent lorsqu’on interroge les Européens sur leur jugement concernant la famille, le travail, la religion ou la politique.
Une même tendance apparaît partout : les grands principes demeurent mais chacun entend désormais en être moins captif, pouvoir agir d’abord en son âme et conscience en vertu des circonstances. Cette caractéristique n’est qu’un aspect de la volonté plus générale de se libérer des contraintes, d’être plus autonome, plus libre, de vivre comme bon semble à chacun.
La recherche d’un plus grand épanouissement personnel se traduit par des comportements et des jugements reposant davantage sur des choix individuels que sur des normes universelles pérennes et intangibles. La prospective en l’espèce n’en est que plus difficile.
L'évolution des valeurs en Europe
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 182, déc. 1993