GUIEN Jeanne, « Obsolescences. Philosophie des techniques et histoire économique à l’épreuve de la réduction de la durée de vie des objets », université Paris-I Panthéon-Sorbonne, thèse de doctorat en philosophie, 2019, 757 p.
Dans cette thèse, Jeanne Guien retrace la généalogie, et même la préhistoire, de l’idée d’obsolescence programmée qui voudrait que certains objets soient « programmés » pour avoir des durées de vie courtes. Pour autant, ce travail historiographique ne fait pas l’économie d’une réflexion conceptuelle et philosophique très contemporaine qui permettra au lecteur de se saisir des enjeux juridiques, médiatiques et législatifs, qui entourent la question.
À la lecture de cette thèse dense, on comprend vite qu’il s’agit de déconstruire une expression qui n’a rien d’univoque. D’abord, celle-ci peut prendre plusieurs formes : l’auteur elle-même liste plus de 70 déclinaisons du terme ; l’obsolescence peut être planifiée, organisée, psychologique, commerciale, etc. Ensuite, les discours qui la portent varient et s’affrontent dans diverses arènes, notamment médiatiques, se prêtant ainsi assez opportunément à une analyse de controverse. La première partie de cette thèse donne à voir comment divers acteurs s’approprient (et modifient en retour) ...