L’investissement dans la recherche-développement (R&D) et l’innovation a toujours été et demeure une clef essentielle de la réussite économique des États. Les pays développés en font l’expérience depuis longtemps, en particulier s’agissant de ceux de la Triade États-Unis / Europe / Japon, longtemps leaders en la matière. Pourtant, depuis plusieurs années, le poids relatif de ces pays dans la recherche-développement mondiale semble de plus en plus contesté par certains pays émergents, notamment asiatiques. Et si la crise économique des dernières années a constitué l’occasion, pour de nombreux pays développés, de réaffirmer le rôle essentiel de l’investissement en R&D et de l’innovation dans les stratégies de sortie de crise, il n’est pas sûr, dans les faits, que cela permette d’inverser la tendance latente à la perte de suprématie des pionniers de l’innovation des XIXe et XXe siècles.
Pierre Papon montre ici comment ont évolué les potentiels de recherche mondiaux et quels sont les pays leaders en la matière. Il présente également les spécialisations des principaux acteurs mondiaux dans la production scientifique et technique internationale. Il rappelle en particulier la lente (mais manifeste) érosion des positions européennes dans la compétition scientifique mondiale, même si la qualité des productions reste intacte, et souligne, en écho, la montée en puissance de pays émergents – en tête desquels la Chine et le Brésil. Côté recherche industrielle, la tendance va dans le même sens, selon Pierre Papon, et c’est peut-être une Triade États-Unis / Chine / Japon qui en prendra le leadership dans les années à venir. De fait, si les beaux slogans mobilisant la R&D au service de la sortie de crise se révèlent aussi peu efficaces que la stratégie de Lisbonne est restée lettre morte, il y a fort à parier que les États européens ne sortiront pas de cette crise indemnes en termes de positionnement scientifique et technique international.