Dans un premier temps, le développement des échanges entre les pays développés et le reste du monde se limita au commerce de matières premières et de produits finis, les pays exportant celles-ci bénéficiant d’un revenu toutefois bien inférieur à celui des pays exportant ceux-là, un fossé se creusant du même coup entre le revenu moyen des uns et des autres.
Mais l’essor des moyens de transport et de communication a permis, au cours d’une seconde étape, le transfert dans les pays où les salaires étaient demeurés très bas de certaines industries. Ce processus de délocalisation comporte de graves inconvénients, aussi bien pour les pays qui se sont industrialisés que pour les pays industrialisés eux-mêmes :
– les premiers en effet exportent des produits industriels incorporant de bas salaires, mais doivent consacrer leurs revenus à financer des importations en provenance des pays industrialisés dont le coût est tel que le fossé se creuse encore ;
– les seconds, du fait des délocalisations (ainsi que de la brutalité de certains progrès technologiques), souffrent d’un chômage élevé dont les coûts finalement confisquent les gains réalisés par la baisse des prix des productions délocalisées.
Comment donc éviter les inconvénients qu’entraîne ainsi, pour chaque partie, le libre-échange durant cette période « transitoire », si brutale que les adaptations n’ont pas le temps de s’opérer ? Maurice Lauré propose ici que les pays industrialisés assurent aux pays en voie d’industrialisation un « complément » de ressources correspondant au différentiel de rémunération dont les niveaux sont actuellement faussés. Décrivant sous quelle forme cette aide – s’inspirant du Plan Marshall – pourrait être mise en oeuvre, il montre aussi quels avantages celle-ci procurerait à chaque partie.
Un plan Marshall à l'appui du libre-échange. Comment sauvegarder le libre-échange grâce à un plan Marshall durant la phase de la mondialisation des implantations industrielles
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 183, jan. 1994