Malgré un cri d’alarme lancé à la fin des années 1980 par la Commission sur la recherche en santé pour le développement réunie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les activités de recherche et développement dans le domaine de la santé se concentrent principalement, encore aujourd’hui, sur les maladies affectant les populations des pays riches. Une réalité qui explique, en partie, que « plus d’un milliard d’êtres humains, habitant presque tous dans les zones tropicales et subtropicales, souffrent à l’heure actuelle d’une ou de plusieurs maladies négligées », précisent ici Jean-Paul Moatti et Jean-François Delfraissy.
Toutefois, les auteurs notent une légère évolution depuis le milieu des années 1990. Du fait de la mondialisation qui multiplie les risques de pandémie, les pays riches se rendent compte que « leur » santé passe aussi par une meilleure protection de l’ensemble de la population. Cette prise de conscience a notamment permis l’élaboration, en 2000, des Objectifs du millénaire pour le développement, dans lesquels la communauté interna tionale s’est engagée, entre autres, à accroître les efforts dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Mais les efforts restent insuffisants, soulignent Jean-Paul Moatti et Jean-François Delfraissy, pour qui il est nécessaire aujourd’hui d’aller plus loin, en renforçant, par exemple, les instruments multila téraux tels que l’OMS et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore en multipliant les partenariats Nord / Sud. Il est urgent, selon eux, que la recherche soit enfin consi dérée comme un « bien public mondial ».
La recherche sur les maladies infectieuses. La recherche mondiale biomédicale : entre négligences et priorités
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 363, mai 2010