Né en 1825 en Angleterre, le chemin de fer a grandement contribué à la révolution industrielle qui a marqué l’Europe au XIXe siècle. La France engage la construction de ses premiers kilomètres de voies ferrées en 1830, dans la foulée de sa rivale britannique, et va l’étendre jusqu’a atteindre 3 000 kilomètres en 1850 (bien loin des 10 650 kilomètres du réseau anglais à cette même date). Néanmoins, cette mise en place du réseau ferré français va susciter de vastes débats dans l’opinion, au sein du gouvernement et parmi les députés, entre 1838 et 1845.
Le futur d’antan que nous présentons ici participe de ce débat. Il s’agit du discours prononcé le 11 mai 1842 par le député (et poète) Alphonse de Lamartine, en réaction à un amendement d’Adolphe Thiers visant à contrecarrer le projet gouvernemental planifiant la construction d’un système ferroviaire en étoile autour de Paris, par la mise en place d’une ligne unique allant de la frontière belge à la Méditerranée via la capitale. Lamartine s’y oppose vivement, montrant notamment l’intérêt pour l’ensemble des départements, mais aussi pour le commerce et l’industrie, et d’un point de vue militaire, d’un réseau couvrant la plupart du territoire français. Son allocution témoigne aussi de l’importance, pour l’État, d’agir en stratège au service de ses administrés. Enfin, Lamartine souligne en fin de discours, en réponse à diverses polémiques à l’égard du progrès technique (apparues notamment suite à des accidents ferroviaires), combien ce progrès demeure déterminant pour l’avancée des civilisations, en dépit des dommages ponctuels qu’il peut susciter.