Futuribles a été créé en 1960 par Bertrand de Jouvenel, d’abord sous la forme d’un « comité international » formé d’une douzaine d’intellectuels de différents pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Japon, Inde…) et de diverses disciplines (sciences politiques, économie, sociologie, sciences et techniques…) dont le financement était assuré au démarrage par la fondation Ford.

L’objectif de ces intellectuels était de pallier le manque de réflexions rigoureuses sur le futur, à la fois au sein et en dehors des gouvernements. Bertrand de Jouvenel présente ainsi les choses dans un texte écrit au moment de la fondation de Futuribles puis repris dans L’Art de la conjecture (Monaco : éd. du Rocher, 1964, p. 345) :

Il faut […] un “forum prévisionnel” où se produiront les opinions “avancées” (au sens temporel) sur ce qui peut advenir et sur ce qui peut être fait. Et comme le passage du temps apporte des situations nouvelles et des germes nouveaux, il est clair que ce “forum” doit être en fonctionnement continuel : il ne s’agit pas d’envisager l’avenir une fois pour toutes mais de le discuter continuellement. Le forum prévisionnel doit être conçu comme une véritable institution, où des experts très différents apporteront des prévisions spéciales qui seront combinées en prévisions plus générales.

Bertrand de Jouvenel, 1960.

Le terme de « prévision » est alors utilisé par Bertrand de Jouvenel avec un sens proche de celui actuel de « prospective ».
Depuis lors, Futuribles a poursuivi ces objectifs avec des modalités de travail qui ont varié selon le contexte et les besoins du moment. Sont retracées brièvement ici les grandes lignes de la chronologie.

Les années 1960-1970

De 1960 à 1965, le « Comité international Futuribles » publie une cinquantaine d’essais de prospective (édités alors dans les Bulletins de la SEDEIS) et organise des grandes conférences internationales (Genève, Paris, New Haven, etc.).
En 1967 est créée l’Association internationale Futuribles (association sans but lucratif, loi de 1901) sous la présidence initiale de Bertrand de Jouvenel, puis très rapidement de Pierre Massé (ancien Commissaire au Plan en France). Cette association bénéficie alors d’importantes subventions des pouvoirs publics français et rassemble en un même lieu la plupart des centres se réclamant de la prospective ; en particulier, le Centre d’études prospectives initialement créé par Gaston Berger (qui rapidement fusionne avec l’Association internationale Futuribles), le Collège des techniques avancées, La Société d’étude et de documentation économiques, industrielles et sociales (SÉDÉIS, alors éditrice de la revue Analyse & prévision), puis la Revue 2000 alors éditée par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR, France).

L’Association internationale Futuribles joue alors deux fonctions principales : d’une part, elle gère un important centre de documentation et une bibliothèque des travaux sur le futur ; d’autre part, elle joue un rôle de centre international de rencontres pour tous ceux, intellectuels et décideurs, qui s’intéressent à l’avenir à long terme. L’association organise à Paris une conférence internationale au cours de laquelle est créée la World Futures Studies Federation (1973).
Mais les subventions s’étant taries, l’association rencontre d’importantes difficultés financières la contraignant à une restructuration drastique de ses activités. Hugues de Jouvenel (fils de Bertrand de Jouvenel) est élu délégué général en 1973 pour conduire la refonte de l’association. Sans en modifier fondamentalement les objectifs, il s’assure que celle-ci puisse disposer d’une autonomie accrue vis-à-vis des pouvoirs publics et lance notamment des activités d’études prospectives financées par conventions ou contrats.
Hugues de Jouvenel crée en 1974 la revue Futuribles en lieu et place de deux revues défuntes, Analyse & prévision qu’éditait auparavant la SÉDÉIS, et Prospectives, qui avait pris la relève de la revue Prospective initialement créée par Gaston Berger.

Les années 1980-1990

Les années 1980-1990 sont marquées par un développement important des activités de l’association : création d’une base de données sur les centres de prospective et d’une base de données bibliographiques, organisation de plusieurs colloques européens de prospective (notamment en lien avec la Commission européenne), production d’un grand nombre d’études prospectives sur contrat, création en 1987 d’une société de presse (SARL Futuribles) qui prend en charge l’édition de la revue Futuribles.

Futuribles aujourd’hui

Depuis lors, Futuribles développe fortement ses activités de veille et d’analyse prospective au profit de ses membres (entreprises, administrations, collectivités territoriales…), ses activités de formation aux concepts et méthodes de prospective, ses activités d’ingénierie et de conseil au profit de démarches de prospective appliquée aussi bien dans les territoires que dans les organisations, ses activités de presse, à la fois imprimée et numérique.
Futuribles reste aujourd’hui fidèle à son histoire et s’appuie sur son héritage à la fois intellectuel et méthodologique. Les activités de Futuribles s’enrichissent d’une ouverture accrue à d’autres approches du futur (design, imaginaires, etc.) qui mettent plus l’accent sur l’implication des acteurs dans la construction du futur.