André-Yves Portnoff montre ici combien le développement des sociétés est tributaire des valeurs qui animent celles-ci et de leur capacité à évoluer. Partant de l’exemple contemporain des réticences italiennes à l’égard de l’emploi de techniques médicales modernes telle la péridurale pour les accouchements, il rappelle le cas du déclin de l’Empire romain, victime d’un » blocage culturel et mental « . S’appuyant ainsi sur divers travaux scientifiques et historiques, il montre que cet empire s’est » condamné » en se crispant sur des valeurs » rétrogrades « , notamment la préférence pour l’emploi d’une main-d’oeuvre abondante et bon marché (l’esclavage), plutôt que sur l’innovation et l’investissement dans les ressources immatérielles, à la source d’un progrès technique qui aurait pu le faire entrer dans une révolution industrielle avant l’heure.
En privilégiant le statu quo (préserver une stature prééminente jugée à son apogée), les Romains ont oublié un principe essentiel : on ne peut avancer ni durer si l’on n’est pas capable d’imaginer un avenir meilleur. A fortiori si l’on ne mobilise pas l’intelligence de tous à cet effet…
Valeurs et savoirs
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 304, jan. 2005